À hauteur d'enfant
Architecture pour tous
Groupe scolaire Jean Macé, Trappes. Photo : © Clément Guillaume
Repenser nos espaces à hauteur d’enfant :
- c’est changer de regard pour imaginer des villes plus inclusives, plus sûres, plus vivantes,
- c’est faire de l’urbanisme un levier de cohésion sociale, un outil du vivre ensemble,
- c’est reconnaître et garantir les droits fondamentaux des plus jeunes : le droit de jouer, s’exprimer, circuler librement, sans crainte.
À l’heure où la majorité des enfants grandit en milieu urbain, dans des villes trop souvent pensées selon une logique productiviste et masculine, nous sommes convaincu·es, chez SOL, qu’il est urgent d’écouter leur voix et d’adapter nos environnements à leurs besoins réels.
Adapter la ville aux citoyens les plus jeunes ne se résume pas à créer des aires de jeux colorées. C’est repenser en profondeur notre manière de concevoir l’espace public : moins normatif, plus vivant, plus accueillant, plus libre. C’est surtout faire un pas de côté pour voir le monde à leur hauteur, avec leurs yeux.
Quelques pistes concrètes pour adapter l’espace aux enfants (et donc à tous les âges)
Revégétaliser les lieux de vie quotidienne : cours d’école, rues d’écoles, places de quartier… végétalisation, ombrage, bancs, fontaines, jeux libres… tout ce qui invite à s’attarder, à respirer, à vivre dehors.
Piétonniser et pacifier les abords des écoles, mais aussi penser des lieux pour traîner, discuter, expérimenter leur autonomie en sécurité.
Réactiver les rez-de-chaussée : créer des pieds d’immeuble animés, partagés, traversés par les générations, où l’on peut s’asseoir, observer, discuter, jouer. Ces seuils sont des espaces essentiels de rencontre et de soin mutuel.
Libérer le jeu : penser une ville du quotidien où le jeu ne soit pas confiné à des enclos. Courir, grimper, jouer au ballon, traîner : tout cela participe de la construction de soi.
Groupe scolaire Jean Macé, Trappes. Photo : © Clément Guillaume
Écouter les enfants, leur donner la parole
Les enfants sont de formidables alliés pour penser la ville. Leur imagination est débridée, libre des carcans budgétaires ou des règlements d’urbanisme. Ils savent ce qui leur manque : des cabanes, des cachettes, des coins pour se retrouver, des chemins pour courir, des arbres à grimper. Les inviter à s’exprimer, c’est déjà les reconnaître comme citoyens.
Sortir du piège du clivage générationnel
Notre société stigmatise tour à tour les jeunes comme les vieux : trop bruyants, trop lents, trop présents, trop absents… Salomé Saqué le rappelle bien : les jeunes sont souvent décrits comme paresseux, narcissiques, accros à leurs écrans. Cette infantilisation produit un clivage qui empêche de « faire société ».
Sous le terme « intergénérationnel », on oublie souvent de créer de vraies solidarités entre âges, et surtout de penser les zones grises : jeunes adultes précaires, collégiens et lycéens, actifs sans logement stable… Où sont les lieux pour eux ?
Derrière le terme « intergénérationnel » se cache le terme de « solidarité ». Lorsque l’on s’occupe d’une catégorie d’âge dans le cadre d’une politique publique on a tendance à oublier les autres. On s’adresse aux plus vulnérables, ce qui est impératif, mais on en oublie le reste et à la fin cette approche dite intergénérationnelle découle rarement sur une politique réellement adressée à l’ensemble des générations.
Que fait on des actifs de 30 ans qui sont toujours en colocation face aux prix de l’immobilier et des loyers ?
Que fait-on des étudiants en précarité ?
Que fait-on des jeunes de 11 à 18 ans ?
Arrêtons de creuser ce conflit et posons nous réellement à réfléchir sur la question de faire société.
L’exclusion des enfants de l’espace public est un symptôme grave.
Cela est le symptôme d’une société de l’intolérance qui banalise un entre-soi poussé à l'extrême.
Quartier Paul-Éluard, Bobigny. Photo : © Clément Guillaume
Il y a actuellement une multiplication des lieux sans enfants : ils sont trop bruyants, leur ballon résonne trop fort dans la cour, le jeune qui traîne sur le banc avec ses amis est jugé, on s’en méfie …
C'est d’ailleurs devenu un argument marketing : dans la dernière publicité Airbnb on entend « pourquoi choisir un hôtel avec enfants lorsqu’on peut être tranquille dans son logement ? »
Airbnb vend la tranquillité comme « sans enfants ». Les ballons sont interdits. Les bancs sont supprimés. Les ados sont chassés des halls, des places, des squares. On suspecte un enfant seul dans la rue. Ce climat d’intolérance est alarmant. En France, les enfants de11 à 18 ans passent moins de 7h par semaine à l'extérieur !
Pourtant, être dehors, traîner, faire groupe, c’est essentiel. C’est là que se forgent l’autonomie, les amitiés, la confiance en soi. Empêcher un enfant ou un ado d’occuper l’espace public, c’est lui refuser un apprentissage fondamental.
Les jeunes comme les anciens sont en quelque sorte « assignés à résidence ».
Être une fille dans l’espace public
Les jeunes filles ne sont pas confrontées aux mêmes risques que les garçons. Les violences sexistes dans l’espace public, les regards, les interdits implicites, les assignent à des espaces « protégés », souvent enfermants. Il est urgent de penser des espaces publics inclusifs et sûrs pour elles aussi : éclairage, visibilité, pluralité des usages.
La rue est un bien commun
L’enjeu, au fond, est simple : la rue doit redevenir un bien commun. Une rue pour les enfants, les ados, les anciens, les solitaires, les groupes, les filles, les garçons, les valides, les vulnérables… Une rue pour vivre ensemble.
Repenser nos espaces à hauteur d’enfant :
- c’est changer de regard pour imaginer des villes plus inclusives, plus sûres, plus vivantes,
- c’est faire de l’urbanisme un levier de cohésion sociale, un outil du vivre ensemble,
- c’est reconnaître et garantir les droits fondamentaux des plus jeunes : le droit de jouer, s’exprimer, circuler librement, sans crainte.
À l’heure où la majorité des enfants grandit en milieu urbain, dans des villes trop souvent pensées selon une logique productiviste et masculine, nous sommes convaincu·es, chez SOL, qu’il est urgent d’écouter leur voix et d’adapter nos environnements à leurs besoins réels.
Adapter la ville aux citoyens les plus jeunes ne se résume pas à créer des aires de jeux colorées. C’est repenser en profondeur notre manière de concevoir l’espace public : moins normatif, plus vivant, plus accueillant, plus libre. C’est surtout faire un pas de côté pour voir le monde à leur hauteur, avec leurs yeux.
Quelques pistes concrètes pour adapter l’espace aux enfants (et donc à tous les âges)
Revégétaliser les lieux de vie quotidienne : cours d’école, rues d’écoles, places de quartier… végétalisation, ombrage, bancs, fontaines, jeux libres… tout ce qui invite à s’attarder, à respirer, à vivre dehors.
Piétonniser et pacifier les abords des écoles, mais aussi penser des lieux pour traîner, discuter, expérimenter leur autonomie en sécurité.
Réactiver les rez-de-chaussée : créer des pieds d’immeuble animés, partagés, traversés par les générations, où l’on peut s’asseoir, observer, discuter, jouer. Ces seuils sont des espaces essentiels de rencontre et de soin mutuel.
Libérer le jeu : penser une ville du quotidien où le jeu ne soit pas confiné à des enclos. Courir, grimper, jouer au ballon, traîner : tout cela participe de la construction de soi.
Écouter les enfants, leur donner la parole
Les enfants sont de formidables alliés pour penser la ville. Leur imagination est débridée, libre des carcans budgétaires ou des règlements d’urbanisme. Ils savent ce qui leur manque : des cabanes, des cachettes, des coins pour se retrouver, des chemins pour courir, des arbres à grimper. Les inviter à s’exprimer, c’est déjà les reconnaître comme citoyens.
Sortir du piège du clivage générationnel
Notre société stigmatise tour à tour les jeunes comme les vieux : trop bruyants, trop lents, trop présents, trop absents… Salomé Saqué le rappelle bien : les jeunes sont souvent décrits comme paresseux, narcissiques, accros à leurs écrans. Cette infantilisation produit un clivage qui empêche de « faire société ».
Sous le terme « intergénérationnel », on oublie souvent de créer de vraies solidarités entre âges, et surtout de penser les zones grises : jeunes adultes précaires, collégiens et lycéens, actifs sans logement stable… Où sont les lieux pour eux ?
Derrière le terme « intergénérationnel » se cache le terme de « solidarité ». Lorsque l’on s’occupe d’une catégorie d’âge dans le cadre d’une politique publique on a tendance à oublier les autres. On s’adresse aux plus vulnérables, ce qui est impératif, mais on en oublie le reste et à la fin cette approche dite intergénérationnelle découle rarement sur une politique réellement adressée à l’ensemble des générations.
Que fait on des actifs de 30 ans qui sont toujours en colocation face aux prix de l’immobilier et des loyers ?
Que fait-on des étudiants en précarité ?
Que fait-on des jeunes de 11 à 18 ans ?
Arrêtons de creuser ce conflit et posons nous réellement à réfléchir sur la question de faire société.
L’exclusion des enfants de l’espace public est un symptôme grave.
Cela est le symptôme d’une société de l’intolérance qui banalise un entre-soi poussé à l'extrême.
Il y a actuellement une multiplication des lieux sans enfants : ils sont trop bruyants, leur ballon résonne trop fort dans la cour, le jeune qui traîne sur le banc avec ses amis est jugé, on s’en méfie …
C'est d’ailleurs devenu un argument marketing : dans la dernière publicité Airbnb on entend « pourquoi choisir un hôtel avec enfants lorsqu’on peut être tranquille dans son logement ? »
Airbnb vend la tranquillité comme « sans enfants ». Les ballons sont interdits. Les bancs sont supprimés. Les ados sont chassés des halls, des places, des squares. On suspecte un enfant seul dans la rue. Ce climat d’intolérance est alarmant. En France, les enfants de11 à 18 ans passent moins de 7h par semaine à l'extérieur !
Pourtant, être dehors, traîner, faire groupe, c’est essentiel. C’est là que se forgent l’autonomie, les amitiés, la confiance en soi. Empêcher un enfant ou un ado d’occuper l’espace public, c’est lui refuser un apprentissage fondamental.
Les jeunes comme les anciens sont en quelque sorte « assignés à résidence ».
Être une fille dans l’espace public
Les jeunes filles ne sont pas confrontées aux mêmes risques que les garçons. Les violences sexistes dans l’espace public, les regards, les interdits implicites, les assignent à des espaces « protégés », souvent enfermants. Il est urgent de penser des espaces publics inclusifs et sûrs pour elles aussi : éclairage, visibilité, pluralité des usages.
La rue est un bien commun
L’enjeu, au fond, est simple : la rue doit redevenir un bien commun. Une rue pour les enfants, les ados, les anciens, les solitaires, les groupes, les filles, les garçons, les valides, les vulnérables… Une rue pour vivre ensemble.
À hauteur d'enfant
Architecture pour tous
Groupe scolaire Jean Macé, Trappes. Photo : © Clément Guillaume
Repenser nos espaces à hauteur d’enfant :
- c’est changer de regard pour imaginer des villes plus inclusives, plus sûres, plus vivantes,
- c’est faire de l’urbanisme un levier de cohésion sociale, un outil du vivre ensemble,
- c’est reconnaître et garantir les droits fondamentaux des plus jeunes : le droit de jouer, s’exprimer, circuler librement, sans crainte.
À l’heure où la majorité des enfants grandit en milieu urbain, dans des villes trop souvent pensées selon une logique productiviste et masculine, nous sommes convaincu·es, chez SOL, qu’il est urgent d’écouter leur voix et d’adapter nos environnements à leurs besoins réels.
Adapter la ville aux citoyens les plus jeunes ne se résume pas à créer des aires de jeux colorées. C’est repenser en profondeur notre manière de concevoir l’espace public : moins normatif, plus vivant, plus accueillant, plus libre. C’est surtout faire un pas de côté pour voir le monde à leur hauteur, avec leurs yeux.
Quelques pistes concrètes pour adapter l’espace aux enfants (et donc à tous les âges)
Revégétaliser les lieux de vie quotidienne : cours d’école, rues d’écoles, places de quartier… végétalisation, ombrage, bancs, fontaines, jeux libres… tout ce qui invite à s’attarder, à respirer, à vivre dehors.
Piétonniser et pacifier les abords des écoles, mais aussi penser des lieux pour traîner, discuter, expérimenter leur autonomie en sécurité.
Réactiver les rez-de-chaussée : créer des pieds d’immeuble animés, partagés, traversés par les générations, où l’on peut s’asseoir, observer, discuter, jouer. Ces seuils sont des espaces essentiels de rencontre et de soin mutuel.
Libérer le jeu : penser une ville du quotidien où le jeu ne soit pas confiné à des enclos. Courir, grimper, jouer au ballon, traîner : tout cela participe de la construction de soi.
Groupe scolaire Jean Macé, Trappes. Photo : © Clément Guillaume
Écouter les enfants, leur donner la parole
Les enfants sont de formidables alliés pour penser la ville. Leur imagination est débridée, libre des carcans budgétaires ou des règlements d’urbanisme. Ils savent ce qui leur manque : des cabanes, des cachettes, des coins pour se retrouver, des chemins pour courir, des arbres à grimper. Les inviter à s’exprimer, c’est déjà les reconnaître comme citoyens.
Sortir du piège du clivage générationnel
Notre société stigmatise tour à tour les jeunes comme les vieux : trop bruyants, trop lents, trop présents, trop absents… Salomé Saqué le rappelle bien : les jeunes sont souvent décrits comme paresseux, narcissiques, accros à leurs écrans. Cette infantilisation produit un clivage qui empêche de « faire société ».
Sous le terme « intergénérationnel », on oublie souvent de créer de vraies solidarités entre âges, et surtout de penser les zones grises : jeunes adultes précaires, collégiens et lycéens, actifs sans logement stable… Où sont les lieux pour eux ?
Derrière le terme « intergénérationnel » se cache le terme de « solidarité ». Lorsque l’on s’occupe d’une catégorie d’âge dans le cadre d’une politique publique on a tendance à oublier les autres. On s’adresse aux plus vulnérables, ce qui est impératif, mais on en oublie le reste et à la fin cette approche dite intergénérationnelle découle rarement sur une politique réellement adressée à l’ensemble des générations.
Que fait on des actifs de 30 ans qui sont toujours en colocation face aux prix de l’immobilier et des loyers ?
Que fait-on des étudiants en précarité ?
Que fait-on des jeunes de 11 à 18 ans ?
Arrêtons de creuser ce conflit et posons nous réellement à réfléchir sur la question de faire société.
L’exclusion des enfants de l’espace public est un symptôme grave.
Cela est le symptôme d’une société de l’intolérance qui banalise un entre-soi poussé à l'extrême.
Quartier Paul-Éluard, Bobigny. Photo : © Clément Guillaume
Il y a actuellement une multiplication des lieux sans enfants : ils sont trop bruyants, leur ballon résonne trop fort dans la cour, le jeune qui traîne sur le banc avec ses amis est jugé, on s’en méfie …
C'est d’ailleurs devenu un argument marketing : dans la dernière publicité Airbnb on entend « pourquoi choisir un hôtel avec enfants lorsqu’on peut être tranquille dans son logement ? »
Airbnb vend la tranquillité comme « sans enfants ». Les ballons sont interdits. Les bancs sont supprimés. Les ados sont chassés des halls, des places, des squares. On suspecte un enfant seul dans la rue. Ce climat d’intolérance est alarmant. En France, les enfants de11 à 18 ans passent moins de 7h par semaine à l'extérieur !
Pourtant, être dehors, traîner, faire groupe, c’est essentiel. C’est là que se forgent l’autonomie, les amitiés, la confiance en soi. Empêcher un enfant ou un ado d’occuper l’espace public, c’est lui refuser un apprentissage fondamental.
Les jeunes comme les anciens sont en quelque sorte « assignés à résidence ».
Être une fille dans l’espace public
Les jeunes filles ne sont pas confrontées aux mêmes risques que les garçons. Les violences sexistes dans l’espace public, les regards, les interdits implicites, les assignent à des espaces « protégés », souvent enfermants. Il est urgent de penser des espaces publics inclusifs et sûrs pour elles aussi : éclairage, visibilité, pluralité des usages.
La rue est un bien commun
L’enjeu, au fond, est simple : la rue doit redevenir un bien commun. Une rue pour les enfants, les ados, les anciens, les solitaires, les groupes, les filles, les garçons, les valides, les vulnérables… Une rue pour vivre ensemble.
Repenser nos espaces à hauteur d’enfant :
- c’est changer de regard pour imaginer des villes plus inclusives, plus sûres, plus vivantes,
- c’est faire de l’urbanisme un levier de cohésion sociale, un outil du vivre ensemble,
- c’est reconnaître et garantir les droits fondamentaux des plus jeunes : le droit de jouer, s’exprimer, circuler librement, sans crainte.
À l’heure où la majorité des enfants grandit en milieu urbain, dans des villes trop souvent pensées selon une logique productiviste et masculine, nous sommes convaincu·es, chez SOL, qu’il est urgent d’écouter leur voix et d’adapter nos environnements à leurs besoins réels.
Adapter la ville aux citoyens les plus jeunes ne se résume pas à créer des aires de jeux colorées. C’est repenser en profondeur notre manière de concevoir l’espace public : moins normatif, plus vivant, plus accueillant, plus libre. C’est surtout faire un pas de côté pour voir le monde à leur hauteur, avec leurs yeux.
Quelques pistes concrètes pour adapter l’espace aux enfants (et donc à tous les âges)
Revégétaliser les lieux de vie quotidienne : cours d’école, rues d’écoles, places de quartier… végétalisation, ombrage, bancs, fontaines, jeux libres… tout ce qui invite à s’attarder, à respirer, à vivre dehors.
Piétonniser et pacifier les abords des écoles, mais aussi penser des lieux pour traîner, discuter, expérimenter leur autonomie en sécurité.
Réactiver les rez-de-chaussée : créer des pieds d’immeuble animés, partagés, traversés par les générations, où l’on peut s’asseoir, observer, discuter, jouer. Ces seuils sont des espaces essentiels de rencontre et de soin mutuel.
Libérer le jeu : penser une ville du quotidien où le jeu ne soit pas confiné à des enclos. Courir, grimper, jouer au ballon, traîner : tout cela participe de la construction de soi.
Écouter les enfants, leur donner la parole
Les enfants sont de formidables alliés pour penser la ville. Leur imagination est débridée, libre des carcans budgétaires ou des règlements d’urbanisme. Ils savent ce qui leur manque : des cabanes, des cachettes, des coins pour se retrouver, des chemins pour courir, des arbres à grimper. Les inviter à s’exprimer, c’est déjà les reconnaître comme citoyens.
Sortir du piège du clivage générationnel
Notre société stigmatise tour à tour les jeunes comme les vieux : trop bruyants, trop lents, trop présents, trop absents… Salomé Saqué le rappelle bien : les jeunes sont souvent décrits comme paresseux, narcissiques, accros à leurs écrans. Cette infantilisation produit un clivage qui empêche de « faire société ».
Sous le terme « intergénérationnel », on oublie souvent de créer de vraies solidarités entre âges, et surtout de penser les zones grises : jeunes adultes précaires, collégiens et lycéens, actifs sans logement stable… Où sont les lieux pour eux ?
Derrière le terme « intergénérationnel » se cache le terme de « solidarité ». Lorsque l’on s’occupe d’une catégorie d’âge dans le cadre d’une politique publique on a tendance à oublier les autres. On s’adresse aux plus vulnérables, ce qui est impératif, mais on en oublie le reste et à la fin cette approche dite intergénérationnelle découle rarement sur une politique réellement adressée à l’ensemble des générations.
Que fait on des actifs de 30 ans qui sont toujours en colocation face aux prix de l’immobilier et des loyers ?
Que fait-on des étudiants en précarité ?
Que fait-on des jeunes de 11 à 18 ans ?
Arrêtons de creuser ce conflit et posons nous réellement à réfléchir sur la question de faire société.
L’exclusion des enfants de l’espace public est un symptôme grave.
Cela est le symptôme d’une société de l’intolérance qui banalise un entre-soi poussé à l'extrême.
Il y a actuellement une multiplication des lieux sans enfants : ils sont trop bruyants, leur ballon résonne trop fort dans la cour, le jeune qui traîne sur le banc avec ses amis est jugé, on s’en méfie …
C'est d’ailleurs devenu un argument marketing : dans la dernière publicité Airbnb on entend « pourquoi choisir un hôtel avec enfants lorsqu’on peut être tranquille dans son logement ? »
Airbnb vend la tranquillité comme « sans enfants ». Les ballons sont interdits. Les bancs sont supprimés. Les ados sont chassés des halls, des places, des squares. On suspecte un enfant seul dans la rue. Ce climat d’intolérance est alarmant. En France, les enfants de11 à 18 ans passent moins de 7h par semaine à l'extérieur !
Pourtant, être dehors, traîner, faire groupe, c’est essentiel. C’est là que se forgent l’autonomie, les amitiés, la confiance en soi. Empêcher un enfant ou un ado d’occuper l’espace public, c’est lui refuser un apprentissage fondamental.
Les jeunes comme les anciens sont en quelque sorte « assignés à résidence ».
Être une fille dans l’espace public
Les jeunes filles ne sont pas confrontées aux mêmes risques que les garçons. Les violences sexistes dans l’espace public, les regards, les interdits implicites, les assignent à des espaces « protégés », souvent enfermants. Il est urgent de penser des espaces publics inclusifs et sûrs pour elles aussi : éclairage, visibilité, pluralité des usages.
La rue est un bien commun
L’enjeu, au fond, est simple : la rue doit redevenir un bien commun. Une rue pour les enfants, les ados, les anciens, les solitaires, les groupes, les filles, les garçons, les valides, les vulnérables… Une rue pour vivre ensemble.